top of page

Les trois papes limousins

Palais des Papes à Avignon est le symbole du rayonnement de l’église sur l’Occident Chrétien au XIVème siècle.

Entre 1305 et 1378, la papauté abandonne Rome pour s'installer en Avignon. Ce n'est certes pas la première fois que des pontifes quittent la Ville éternelle tout en continuant à gouverner la chrétienté. L'instabilité politique de la péninsule italienne, les querelles entre la paputé et l'empire, les factions qui déchirent la ville, ont souvent conduit les papes à l'exil. De 1100 à 1304, ils sont restés absents de Rome cent-vingt-deux ans et n'y ont finalement séjourné que quatre-vint-deux ans. L'installation de Rome n'est donc pas une nouveauté au début du XIVème siècle. Cependant les papes ne sont guère allés bien loin ; rares sont ceux qui ont longuement séjourné hors de la péninsule et c'est donc l'installation en Avignon, loin de l'Italie, qui constitue une nouveauté, un drame insupportable pour les Italiens.

 

L'élection d'un pape français, Clément V, et son installation à Avignon ont durablement bouleversé le visage de l'institution pontificale. Désormais, les cardinaux français peuplent la curie et accaparent les plus hautes charges de la hiéarchie ecclésiastique. Français certes, mais davantage encore Occitans, ses hommes sont des Gascons, des Languedociens, des Limousins dont la langue natale est celle des pays d'Oc. Ils se montrent profondément attachés à leurs régions d'origine et élisent des papes qui les représentent.

 

( Source - Sur les pas des Papes d'Avigon / Sophie Cassagnes-Brouquet)

Le bas-Limousin, aujourd'hui la Corrèze est le plus petit territoire au monde à avoir donné naissance à trois Papes.  Deux d'entre eux sont nés dans le petit bourg de Rosiers, situé à cinq kilomètres d'Egletons entre Tulle et Ussel. Fait exceptionnel, son église paroissiale a vu le baptême de deux papes.

 

( Source - Sur les pas des Papes d'Avigon / Sophie Cassagnes-Brouquet)

 

Sur les sept papes qui résidèrent en Avignon, il y eut trois Limousins, Clément VI(1342-1352), Innocent VI (1352-1362) et enfin Grégoire XI (1370-1378). Quand on saura que deux autres clercs de cette petite province déclinèrent la tiare qui leur était offerte, on comprend qu’à une époque où le terroir et la famille avaient dans la vie des responsables une influence prépondérante, il nous faut évoquer ces trois papes issus de l’actuel diocèse de Tulle.

 

(Source - Jean Vinatier, historien du diocèse de Tulle histoire religieuse du Bas Limousin et du diocèse de Tulle, Editions Lucien Souny).


 

Pendant la première période, de 1309 à 1376, sept papes se succèdent à Avignon : Clément V, Jean XXII, Benoît XII, Clément VI, Innocent VI, Urbain V et Grégoire XI. Ces années vont radicalement transformer la ville et la marquer d'une empreinte à laquelle elle doit encore sa renommée mondiale.

​

L'installation du pape et de sa cour provoque une formidable augmentation de la population. Avignon devait certainement compter près de 40 000 habitants. Ce chiffre énorme pour cette époque, en faisait une des plus grandes villes d'Europe et sûrement la plus cosmopolite.

​

Le célèbre Palais des Papes, palais fortifié à l'envergure colossale, fut édifié à partir de 1335 sous le pontificat de Benoît XII. A la fin de celui de son successeur Clément VI, en 1352, il est pratiquement terminé. Dans toute la ville et ses environs, les cardinaux se font construire des "livrées cardinalices" somptueuses, rivalisant de magnificence et d'ostentation. Le Petit palais et la Livrée Ceccano en sont de magnifiques exemples, cette dernière abrite aujourd'hui la bibliothèque municipale. La ville entière se transforme et se pare de monuments gothiques : on reconstruit, on agrandit, on embellit les églises, les monastères et les couvents. Les habitations débordent en dehors des remparts devenus trop étroits. Le pape décide en 1355 la construction d'une nouvelle enceinte pour se protéger des incursions de bandes de routiers qui parcourent et pillent la région.

Palais des Papes / © François Lochon

Clément VI (1342-1352), le prince des papes

 

Pierre Roger de Beaufort (1291-1352) corrèzien de souche, devint pape en Avignon sous le nom de Clément VI. Il est le fils d’un chevalier limousin. Maître en théologie et fort d’une grande culture à la fois classique et sacrée, il est le dernier pape (1342-1352) à jouer le rôle, déjà très contesté, d’arbitre des affaires européennes. Il tente vainement de ramener la paix entre la France et l’Angleterre.

 

Ancien archevêque de Sens, de Rouen et chancelier de France, il fut élu à l'unanimité. Il aimait le faste (il décida, par exemple, que l'année sainte n'aurait plus lieu tous les cent ans mais tous les cinquantes et annonça la suivante pour 1350), les profiteurs écartés par Benoît XII se pressent par milliers.

 

Homme de goût et amoureux des arts, il attira les artistes, savants et hommes de lettres, il fit construire la plus belle partie du Palais des Papes. Le luxe et ses actions ruinèrent le trésor pontifical, il fut néanmoins très admiré par ses contemporains et son règne marqua l'apogée de la papauté avignonnaise. Lors de la terrible épidémie de peste, en 1348, il offrit sa protection au juifs accusés par l'Europe entière d'en être la cause. En cette même année, il achète la ville à Jeanne de Sicile.

​

Clément VI meurt le 6 décembre 1352.Il est inhumé dans l'abbatiale de la Chaise-Dieu.

 

Ce pontife se veut un véritable prince de l'Eglise. N'a-t-il pas déclaré peu de temps après son élection " Mes prédécesseurs n'ont pas su être papes". Il dépense sans compter pour faire de la cour d'Avignon l'une des plus fastueuse d'Europe. Clément VI n'envisage absolument pas de revenir à Rome. En 1343, une ambassade romaine l'invite à revenir en Italie, le pape la renvoie avec de vaines promesses, se contentant de décréter un jubilé pour l'année 1350. En réalité, le pape souhaite rester à Avignon, la preuve la plus flagrante en est qu'il achète la ville à la reine Jeanne de Sicile en 1348 pour la somme de 80 000 florins.

 

Clément VI est bien décidé à rester à Avignon pour mener à bien plusieurs projets qui le préoccupent. Le premier est de tenter de mettre un terme à la guerre qui oppose les deux grands royaumes chrétiens, la France et l'Angleterre, afin de reprendre la lutte contre l'infidèle.

 

Il se consacre à son troisième projet, celui du chantier du nouveau palais. Considérant comme trop austère la forteresse que lui a léguée Benoît XII, il veut faire batir une demeure beaucoup plus fastueuse. Il engage un maître d'oeuvre de la région parisienne, Jean de Louvres, et le peintre Matteo Giovannetti de Viterbe afin de décorer le palais neuf. Pendant les dix ans de son pontificat, il dépense plus de 200 000 florins pous ses constructions soit 15% des recettes de l'Eglise.

 

Clément Vi dilapide le trésor amassé par l'économe Benoît XII, mais ses contemporains ne lui en tiennent pas rigueur. Bien au contraire, ils apprécient les agréments de sa cour luxueuse devenue le rendez-vous de tout ce que l'Occident comte de poètes, de lettrés, de savants et de musiciens.

 

( Source - Sur les pas des Papes d'Avigon / Sophie Cassagnes-Brouquet)

 

 

Chapelle Saint-Martial : représentation de la vie et les miracles du saint patron limousin cher à Clément VI, Martial considéré comme le treizième apôtre et neveu de saint Pierre.

Innocent VI (1352-1362) ou la fidélité limousine

 

Innocent VI : né Étienne Aubert, à Beyssac-en-Corrèze, France, 1282 et mort le 12 septembre 1362. Il est pape en Avignon, de 1352 à 1362, comme successeur du pape Clément VI (1342-1352).

 

Il renoua avec l'austérité de Benoît XII, mais aurait-il voulu autrement, le trésor pontifical n'existait plus. En 1358, il fut même obligé de vendre argenterie et bijoux personnels. Sa politique maladroite ne connut pas un grand succès.

​

C'est l'époque de la famine et la peste qui ravagent à nouveau la ville, et des grandes compagnies, qui coutent si cher à Avignon et qui lui feront ériger les remparts. Accablé par tant de soucis, Innocent VI déclina rapidement et mourut le 12 septembre 1362. Son tombeau est situé à la Chartreuse de Villeneuve les Avignon, qu'il fonda en 1356, à l'emplacement de sa livrée.

 

Grégoire XI (1370-1378) le neuveu de Clément VI

 

Pierre Roger de Beaufort né au château de Maumont, commune de Rosiers-d’Égletons, . Guillaume II Roger, second fils de Guillaume II Roger et de Marie du Chambon, né en 1330. Après diverses nominations, il est nommé cardinal diacre à l'âge de 18 ans. Le 29 décembre 1370, élu pape à l'unanimité. (Il n'était pas encore prêtre). Le 4 janvier 1371, il fut ordonné prêtre et sacré évêque le même jour, ensuite, il fut couronné pape sous le nom de Grégoire XI. A cette époque, la guerre de cent ans débute, les anglais ont ravagé (conduits par le Prince de Galles dit le Prince Noir) la ville de Limoges. Grégoire XI intervint pour que soit épargnés les villes de Tulle et Brive qui n'eurent pas à subir le terrible sort de Limoges. Ensuite, il décida de ramener la papauté à Rome et après bien des péripéties y parvint ; mais le 5 février 1378, le mal dont il était atteint (la gravelle) eut raison de sa résistance et il dût s'aliter.

​

Il promulga la Bulle suivante le 19 mars. " Si notre décès arrive avant le premier jour de septembre prochain, les cardinaux qui se trouveront à Rome, sans appeler ni entendre les absents, choisiront le lieu qu'ils voudront au dedans ou au dehors de la ville de Rome, pour l'élection de notre successeur. Sans même entrer en Conclave, ils pourront élire un Pape, qui sera reconnu comme tel, sur le choix de la plus grande partie, quand bien la moindre y contredirait. " Il mourut dans la nuit du 26 au 27 mars 1378. Il n'avait que 48 ans. Grégoire XI est enterré à Rome et fut le dernier Pape Français.

 

Neveu de Clément VI, il veut avant tout promouvoir la croisade qui arrêtera les infidèles. Aussi veut-il ramener la papauté à Rome, plus propice à son projet. Il annonce son départ pour le début de 1375, mais, possédant peu d'argent pour entamer son voyage et espérant, lui aussi, mettre un terme à la guerre entre la France et l'Angleterre, il retarde son départ. La déception est si grande en Italie que les états pontificaux se révoltent.

Finalement, le 2 octobre 1376, il quitte Marseille. Après une traversée terrible et un voyage difficile, il arrive à Rome le 17 janvier de l'année suivante, épuisé par ce périple et supportant mal les rigueurs climatiques il meurt au Vatican le 27 mars 1378.

 

Saint Martial recevant son bâton pastoral des mains de saint Pierre, ce bâton sera une relique de dévotion en l'église Saint-André de Bordeaux.

bottom of page