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Bernard Itier

De tous les « chroniqueurs » limousins, Bernard Itier est le plus prolixe sur lui-même et sur sa famille, au point que l’on pourrait être tenté de voir en lui l’initiateur des « livres de raison », genre très répandu en Limousin à partir du XIVe siècle.

 

À l’encontre de ses devanciers, il nous a livré sa date de naissance, en 1163, date confirmée dans une autre note, écrite dans ce style synchronique qu’il affectionne, où il la situe par rapport aux « puissants » d’alors. Parlant de sa naissance, Bernard n’évoque ni le lieu de celle-ci, ni ses parents, mais l’on peut déduire denombreux passages qu’ils appartenaient à la frange supérieure de la bourgeoisie limougeaude.

 

Il entre donc à quatorze ans à Saint-Martial, une abbaye de moines noirs alors passée dans l’obédience de Cluny, au cœur de Limoges, au pied du château vicomtal, où s’est déroulée toute sa carrière. Accédant à vingt-six ans à la prêtrise, il peut offrir le saint sacrifice de la messe. Il ne semble pas y attacher une importance excessive, d’autant que les moines noirs n’exercent pas la

cura animarum. Plus importante à ses yeux est la charge de trésorier qui lui est alors confiée, charge qu’il occupe pendant trois ans et trois mois, jusqu’en 1191. Si l’on se reporte à la liste des offices qu’il a dressée, le trésorier n’occupe que le dixième rang. C’est un début, qui va le mener à des charges plus importantes, jusqu’à celle d’armarius, de chantre et de bibliothécaire, qu’il occupe de

1204 à sa mort. Il quitte seulement son monastère pour quelques voyages qui le conduisent à Cluny en 1207 (n.st.), à Clermont, au Puy et à la Chaise-Dieu en 1208, à Poitiers, Tours et Marmoutier en 1210, à Uzerche en 1221. C’est à Saint-Martial que la mort le surprend, le 27 janvier 1224.

 

Nous avons eu naguère l'occasion de qualifier le chronique de Bernard Itier de "bloc-notes". Le moine limougeaud a en effet réuni deux manuscrits de la bibliothèque dont il a la garde en un seul volume, l'actul BnF lat.1338, manuscrits de format identique et offrant l'un et l'autre de grandes marges : dix cahiers du séquentiaire de Roger et d'un prosaire du XIème siècle et une traduction latine des Topiques d'Aristote. Ses notes, toutes autographes, sont exceptionnelles car elles montrent par le menu la vie presque quotidienne d'une grande abbaye dans son contexte religieux et urbain. Bernard Itier y parle également assez souvent de lui, mais aussi de sa famille, ce qui est peu commun.

(Source - L'Aquitaine des Littératures Médiévales par Casonava)

 

              Bernard Itier (1163-1225) was head librarian of the monastery of Saint-Martial at Limoges. As such he had free access to the books and made notations in many of them. The largest collection of these notes comprises his chronicle: a history of the world from Creation until his own time which, in part to conserve parchment, Bernard entered in the margins of two earlier codices he had appropriated for the purpose.

 

The work includes a 'retrospective' section, relative to the past, and a 'contemporaneous' section, similar to a journal, in which Bernard recorded current or recent events which struck his interest. His record is highly idiosyncratic, reflecting the priorities of a monk who viewed the world from, and largely in relation to, his monastery. Accordingly, despite what modern historians consider to have been momentous changes in the kingdoms and the church at the time, what most interested Bernard were the affairs of his abbey,

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