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Saint Viance

Vicentien, le futur saint Viance, né vers l'an 623, est élevé à la cour des ducs d'Aquitaine. Ayant choisi une vie d'austérité érémitique, il se retire dans une forêt proche de Limoges; à Rouffiac, où il meurt.

 

L'évêque de Limoges, Rustique, ordonne alors de faire transporter son corps à Avolca-Curtis (aujourd'hui Saint-Viance en Corrèze) où un dévôt prêtre, Savinien, ami de saint Viance, fait élever une église. Un ange apparaît à Savinien, lui ordonnant d'aller chercher le corps de Viance et de l'ensevelir dans son église.

 

En route, le cortège funèbre tiré par des boeufs est attaqué par un ours, qui tue l'un d'eux. Alors se produit un miracle : l'ours prend docilement dans l'attelage la place du boeuf. On reconnaît ici un des poncifs dont ces récits sont friands : l'animal sauvage transformée en bête de somme. La vie légendaire de saint Psalmet, autre saint limousin, nous en offre une variante : celle de l'âne et du loup. Trois médaillons, au revers de la châsse de saint Viance, illustrent la vie et la mort du saint : l'apparition de l'ange à Savinien, le miracle de l'ours attelé au convoi funèbre et l'ensevelissement de Viance de l'évêque Rustique.

 

 

 

 

Saint Viance est un personnage bien connu dans la mesure où l'on possède une Vie, écrite par le diacre Herimbert, contemporain du saint, sans doute reprise à l'époque carolingienne. D'après ce document Viance vivant au VIIème siècle, serait né dans l'entourage du duc Bérald, qui administrait l'Aquitaine au début de ce siècle. Devenu rapidement orphelin, il est élevé par Baronte, le fils de son protecteur. Lors d'un voyage avec Bérald à Cahors, il reçoit la cléricature de l'évêque Didier. A la mort de Bérald, Baronte fait de Viance son palefrenier. Le saint s'illustre une première fois, lorsque Ménélée, fiancé à la fille de Baronte, s'enfuit en Auvergne pour échapper au mariage. Baronte furieux, le poursuit, mais finit par être touché par les prières conjointes de Ménélée les biens destinés à la dot de sa fille, et charge Savinien de fonder une église sur l'un de ses domaines, àà Avolca curtis, qui deviendra Saint-Viance (Corrèze).
 

Après cet épisode, le saint reste au service de son protecteur, et essuie de lui de nombreuses vexations. Il faut dire que Viance adopte un comportement pour le moins extravagant aux yeux de Baronte, par exemple en distribuant tous ses vêtements aux pauvres. Le duc décide de le contraindre au mariage. Le saint, imitant l'attitude de Ménélée quelque temps auparavant, quitte la cour de Baronte pour se réfugier en Limousin, à Rouffiac. Il mène là une vie érémitique. Il meurt semble-t-il assez jeune, pui est enterré à Avolca curtis, et ce malgré l'opposition de l'évêque Rustique, qui souhaitait une inhumation sur place.

Lorsque le saint meurt à Rouffiac, l'évêque de Limoges Rustique accepte l'idée du transport du corps jusqu'à Avolca curtis, où le prêtre Savinien a fait élever une église. Un ange lui apparaît pour lui ordonner d'aller chercher le corps de son ami, et de l'ensevelir dans son église. C'est cet épisode qui est le premier représenté sur le reliquaire : vêtu tel un ermite, pourvu d'un bâton, Savinien fait face à un ange, aux ailes déployées et semblant lui indiquer les instructions à suivre.

Savinien s'exécute mai en route, le cortège funèbre est attaqué par ours qui tue l'un des boeufs tractant le corps. Alors se produit un miracle, représenté sur la deuxième scène : l'ours prend docilement dans l'attelage, et le corps de Viance peut poursuivre sa route. Enfin, parvenu à Avolca curtis, le saint peut être enseveli. Ainsi le reliquaire figure dans le dernier médaillon ses obsèques : le corps de Viance est enveloppé dans un linge blanc et mis en terre, tandis que son ami saint Savinien célèbre la cérémonie.

 

(Source - Les saints limousins / JC Masmonteil)

Il existe peu de traces du culte rendu à saint Viance. Seule, l'église de l'ancienne Avolca curtis est placée sous son vocable et cet édifice conserve une châsse réalisée dans le deuxième quart du XIIIème siècle. Il s'agit de l'une des plus grandes châsses émaillées conservées en Limousin, et l'une des rares maintenues dans son lieu de destination. Elle fut commandée par un membre de la famille de Lasteyrie, les seigneurs du lieu, dont on peut observer les armes dans l'écu porté par un soldat sur le médaillon des saintes femmes au tombeau, au revers de la caisse. La châsse adopte la forme d'une maison exhaussée sur quatre pieds, surmontée d'une crête ajourée.

 

Sur la face principale, apparaissent sur deux registres des thèmes iconographiques traditionnels : Vierge à l'Enfant entourée d'Anges, Christ en Majesté cantonné des symboles des Evangélistes, apôtres tenant ses livres.
 

Au revers, sont mis en correspondance sur des médaillons d'applique quadrilobés, trois épisodes de la Passion du Christ, la Flagellation, la Crucifixion et les Saintes Femmes au tombeau et trois épisodes de l'histoire de saint Viance, tous relatifs à la mort.

 

(Source - Les saints limousins / JC Masmonteil)

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