Connaissez-vous le rouleau des morts de l'abbaye de Solignac ?
C'est un document exceptionnel. Peu sont parvenus jusqu'à nous dans un tel état. Moins de 200 rouleaux de ce type sont conservés dans toute Europe. En effet, s'il a atteint 16,80 mètres une fois revenu à Solignac, le rouleau compte encore aujourd'hui 13,10 m, conservés pour l'essentiel aux archives départementales.

Au printemps 1240, I'abbaye de Solignac envoie l'un de ses moines, frère Jean Faugères, faire la tournée des monastères avec lesquels elle entretient des relations pour annoncer le rappel à Dieu de l'abbé Hugues. Sa mission : recueillir des échanges de prières, louanges du défunt... sur un rouleau de parchemin.
Au terme d'un véritable marathon de plusieurs mois et de plus de 300 visites, le document retourné à Solignac atteindra près de 17 mètres. Un peu plus de 13, aujourd'hui conservés aux archives départementales, nous sont parvenus.

C'est du parchemin, de la peau de mouton ou de chèvre. Il a été restauré il y a quelques années. Jean Faugères est probablement parti avec un ou deux rectangles de peau cousus ensemble et on en a ajouté autant que nécessaire au fur et à mesure du périple. Il présente une grande diversité des calligraphies, souvent très soignées. Lors du passage dans un établissement religieux, un paragraphe a été écrit en latin par un clerc instruit - prieur, frère bibliothécaire... Son contenu reprend nom et lieu de l'établissement, formule pieuse à la mémoire de l'abbé, appel à des prières réciproques... montre que le clergé du Moyen Âge est un monde traversé de tensions et conflits où l'irrespect et la contestation ont toute leur place. Exemple glissé au milieu des formules pieuses, savantes ou maladroites, en prose ou en vers : "Je t'en conjure, que les abbés seuls succombent sous tes coups, et épargne les pauvres moines".
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