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Etienne de Maleu

Etienne Maleu est un modeste chanoine de la collégiale séculière de Saint-Junien, et comme Geoffroy de Vigeois, il est inconnu des dictionnaires littéraires et autres répertoires. On sait peu de choses de lui. Il nous dit seulement dans le prologue de sa chronique qu'il a terminé son travail le 7 décembre 1316, âgé de trente-quatre ans accomplis : il était né donc en 1282. Il meurt, d'après son épitaphe aujourd'hui perdue, le 11 juillet 1322.

 

Le manuscrit original était conservé dans les archives du chapitre de Saint-Junien, jusqu'à leur destruction décidé en octobre 1793, mais plusieurs copies en avaient été prises, au XVIIIème siècle par l'abbé dom René du Cher pour dom Claude Estiennot, au XVIIIème siècle par l'abbé Nadaud.

 

La chronique présente toute les caractéristiques d'une histoire construite : elle s'ouvre avec une dédicace au prévôt de Saint-Junien où l'auteur demande instamment que son travail soit poursuivi sous le contrôle du chapitre. Suit un prologue où il dit explicitement qu'il a utilisé les archives de son église, mais aussi celles de la cathédrale Saint-Etienne de Limoges et des abbayes de Saint-Martial, Saint-Martin et Saint-Augustin (il a vu aussi les archives du Dorat, de Lesterps et peut être même de l'église de Périgueux). Le prologue est suivi d'une Divisio Libri, où il donne son plan, et des listes : archevêques de Limoges (dix-huit premiers évêques), évêques, abbés puis prévôts de Saint-Junien.

La chronique est divisée en deux livres de taille égale. Le premier renferme la vie et les miracles des saints Amand et Junien et l'histoire de l'abbaye jusqu'à sa destruction à la fin du Xème siècle, le second l'histoire de la prévôté de Saint-Junien jusqu'en 1316. Cette partie devait commencer avec la vie de saint Israël, chantre du Dorat, mais une mutilation du manuscrit en a fait perdre le début. Suit l'histoire chronologique des prévôts de Saint-Junien, mis en parallèle avec les évêques de Limoges. Mais où Maleu tranche avec ses prédécesseurs, c'est qu'il a inséré au fil de son texte des "pièces justificatives", en allant jusqu'à indiquer, pour les actes les modes de scellement.  Ce ne sont pas moins de vingt-cinq textes qui ont été ainsi insérés dans la chronique : neuf lettres pontificales, six chartes des évêques de Limoges, trois lettres épiscopales, trois statuts et un règlement du chapitre, une sentence arbitrale et l'inscription placée en 1102 sur le tombeau de saint Junien.

 

La chronique de Maleu n'est certes pas un des textes majeurs de l'historiographie médiévale, mais c'est un texte important pour l'histoire de la collégiale de Saint-Junien et de ses saints, Amand et Junien, d'autant que les archives qu'elle a laissées sont quasiment réduites à néant, et surtout parce que Maleu est le premier auteur limousin agissant en historien, donnant des pièces justificatives, avec des textes publiés intégralement, des "preuves" comme diront plus tard les mauristes mais faisant aussi état de ses doutes et de ses incertitudes

(Source - L'Aquitaine des Littératures Médiévales par Casonava)

            Canon Étienne Maleu, Historian of Saint-Junien (1282–1322)In 1316, the canon of Saint-Junien, Étienne Maleu, concluded the historiographical work he had spent several years writing, having accomplished what he had set out to do: record the history of his chapter from the year 500 so as to preserve memory of the facts he considered important. To achieve this, he used a wide variety of sources – hagiographical, historical, diplomatic, and oral – and he selected the information very specifically. This study is primarily interested in Étienne Maleu’s sources, his historical methods, and his objectives. His work should be restored to its singular space and context, that is, Limousin at the end of the fourteenth century, a land where medieval historiography was particularly flourishing. Maleu was heir to a long tradition of Limousin chroniclers, and it is fitting that his name should be preserved, since his work is the only source today that deals with Saint-Junien from the time of its origins.

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